L'Histoire de l'Œuvre de Saint Casimir

L’histoire de l’Œuvre de Saint Casimir remonte à 1846.

Venue à Paris deux ans plus tôt, une jeune sœur polonaise de la Compagnie des Filles de la Charité – Teofila Mikulowska commença, avec le soutien de la princesse Anna Czartoryska, à organiser de l’aide aux orphelins et adultes polonais vivant à Paris.

Princesse Anna Czartoryska
Princesse Anna Czartoryska
Sœur Teofila Mikulowska
Sœur Teofila Mikulowska

Pour cette noble cause, la princesse loua une maison à Ivry, dans le quartier de Petit-Ivry, qui fut pendant 6 ans le siège de l’Œuvre.

Dès le début, l’Œuvre prit le nom de Saint Casimir. Casimir, de la dynastie des Jagellons, était un  prince de Pologne et grand-duc de Lituanie.

Son père, le roi Casimir IV lui confia pendant 2 ans l’administration de l’État qu’il effectuait avec grande sagesse et grande justice. On admirait son charme et son caractère. Beaucoup de miracles lui furent attribués. Canonisé sous le nom de Saint Casimir, il est aujourd’hui patron de toute la jeunesse et modèle de pureté.

Portrait de Saint Casimir
Saint Casimir

Comme les activités de l’établissement ne cessaient d’augmenter, la comtesse Grocholska loua en 1851 une autre maison, plus grande, située à Paris, près de la Place d’Italie.

En 1861, l’établissement déménagea définitivement rue du Chevaleret, grâce à la générosité des familles françaises et polonaises qui avaient financé cette acquisition. Bien que spacieuse et dotée d’un jardin, la maison fut ensuite agrandie, une chapelle ainsi qu’un bâtiment élevé sur étage furent construits.


Trois ans plus tard, en 1864, le comte et la comtesse Monttessuy firent donation d’une maison avec jardin à Juvisy. Un orphelinat pour des garçons et hommes âgés polonais y fut alors ouvert.


Le 16 juin 1869 est une grande date dans l’histoire de l’Œuvre de Saint Casimir. En vertu du décret signé par l’empereur Napoléon III, l’Œuvre fut reconnue « d’utilité publique ». Cet acte constitue encore aujourd’hui la base juridique du fonctionnement de l’établissement.

Graphique du XIX siècle représentant la scène de l’accueil d’un émigré polonais en France
Graphique du XIX siècle représentant la scène de l’accueil d’un émigré polonais en France

A partir de l’année 1908, l’établissement fut habilité à ouvrir une école élémentaire mixte pour des enfants d’origine polonaise.

En 1918, à la fin de la guerre, la Pologne recouvrit son indépendance, mais une nouvelle vague d’émigrés polonais arriva en France.
L’Œuvre, qui commençait à accueillir des enfants polonais en vue de scolarisation en langue polonaise et catholique vit, en même temps, arriver par dizaines des jeunes filles et des ouvriers, tous sans abri et sans travail.
Les autorités françaises suspendirent les subventions estimant que l’établissement avait un soutien suffisant de la part de l’État polonais indépendant. Mais, la Pologne refusa de subventionner l’établissement.

La situation financière de Saint Casimir devint très difficile. En 1932, malgré la décision de fermer les portes de l’établissement, l’intervention du Cardinal Hlond, Primat de Pologne, et le soutien financier du prince Adam Czartoryski permirent de couvrir le déficit. Le ministère attribua aussi une subvention en reconnaissance du travail effectué par l’établissement.
En 1932, la comtesse Orlowska loua une bâtisse à Fort-Mahon-Plage dans une maison de villégiature. Les enfants polonais passèrent pour la première fois leurs vacances au bord de la mer. C’est la princesse Poniatowska qui paya le coût de voyage pour les enfants.

En 1933, le premier ministre polonais et le pianiste Ignacy Paderewski donnèrent un concert à Versailles au profit de l’Œuvre de Saint Casimir.

Le commencement de la 2ème guerre mondiale en 1939 surprit les enfants à Fort-Mahon-Plage. Leurs chambres à Paris furent occupées par des jeunes filles polonaises restées sans emploi après le départ de leurs patrons. Elles fournirent de l’aide dans les cuisines de l’établissement en distribuant aux pauvres 350 repas par jour.
Le 6 janvier 1946, l’Oeuvre de Saint Casimir fêta ses 100 ans, sa condition matérielle devenant de plus en plus solide.

En 1986, le Primat de Pologne – le cardinal Jozef Glemp rendit visite à l’Œuvre. La cérémonie de bienvenue fut l’occasion de rendre hommage aux plus éminents pensionnaires de l’établissement :

  • Le général Joseph Wysocki, qui a participé aux insurrections de Novembre 1830 et de Janvier 1863. Il était chef de l’École militaire polonaise et héros de la révolution hongroise de 1848 et est enterré au cimetière Père-Lachaise
  • Cyprian Kamil Norwid, poète, écrivain, auteur dramatique, penseur, peintre et sculpteur polonais dont le pape polonais Jean-Paul II fut l’un des plus fidèles admirateurs.
Général Joseph Wysocki
Général Joseph Wysocki
Portrait Cyprian Kamil Norwid
Cyprian Kamil Norwid

Dès le début, la vocation de l’Œuvre fut d’héberger et de soigner les blessés de la guerre les personnes âgées, ainsi que les enfants réfugiés de Pologne qui furent accueillis jusqu’en 1989. En 1989, l’année où le rideau de fer divisant l’Europe est tombé, on entrevit la fin de l’époque communiste en Pologne.

Le fait que la Pologne retrouva la liberté eut un impact immédiat sur le rôle de Saint Casimir et sur la nature des soins prodigués par les Sœurs : l’hébergement des enfants pour laisser une place plus importante à l’accueil des personnes âgées.

En 1996, il fut décidé de réhabiliter les bâtiments devenus vétustes, en trois étapes de travaux:

  1. La première étape consista à réhabiliter complètement le bâtiment Czartoryski (donnant sur la rue du Chevaleret). En 1998, on put ainsi accueillir les personnes âgées dans un cadre totalement rénové et adapté à leurs besoins.
  2. La seconde fut dédiée à la rénovation de la Chapelle et des logements pour les Sœurs.
  3. La troisième consista en la rénovation du bâtiment Norwid avec pour vocation d’héberger les personnes de passage.
L'Oeuvre de Saint Casimir aujourd'hui
L'Oeuvre de Saint Casimir aujourd'hui

Au fil de son histoire, l’Œuvre de Saint Casimir est devenue un centre important pour l’immigration polonaise en France, tant de point de vue historique que du point de vue culturel.

Pendant toutes ces années, avec l’aide et le soutien de nombreuses familles françaises et polonaises, avec le travail acharné et sans relâche de nos Sœurs polonaises, l’établissement a vu passer dans ses murs plus de 2000 enfants et de 1000 personnes âgées.
Au fil des décennies, des personnalités polonaises, des hauts gradés de l’armée, des écrivains, des insurgés y furent soignés.

L’établissement veut leur rendre hommage et, en particulier, à Cyprian Kamil Norwid, cet éminent artiste romantique polonais, qui s’installa à Saint Casimir pour y vivre ses six dernières années de vie jusqu’à sa mort en 1883.

Plaque Cyprian Kamil Norwid, 119 rue_du Chevaleret, Paris 13
Plaque Cyprian Kamil Norwid, 119 rue du Chevaleret, Paris 13

En 2006, un jardin public situé rue du Chevaleret, à quelques pas de l’établissement, fut baptisé de son nom «Jardin Cyprian-Norwid».

Actuellement les sœurs s’occupent des personnes âgées et une aile du bâtiment est mise à la disposition des étudiants et des visiteurs en location de chambres.